
Ignorer les normes RGAA n’est plus une option : c’est une exposition directe à des risques légaux et un renoncement à une part significative de votre marché.
- Des défauts techniques simples comme un manque de contraste ou des liens vagues créent des barrières utilisateurs qui excluent jusqu’à 20% de la population.
- L’échéance de l’European Accessibility Act en 2025 étend les obligations de conformité à de nombreuses PME, avec des sanctions à la clé.
Recommandation : Intégrez l’accessibilité non comme une contrainte, mais comme une stratégie de gestion du risque et une opportunité d’élargir votre audience.
Vous pensez votre site web terminé, fonctionnel, prêt à convertir. Mais l’est-il vraiment pour tous ? En France, l’accessibilité numérique, encadrée par le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA), est bien plus qu’une simple question d’éthique. C’est une obligation de moyen renforcée. Historiquement, cette obligation concernait principalement le secteur public et les très grandes entreprises. Cependant, le paysage légal évolue vite. L’approche de l’échéance de l’European Accessibility Act (EAA) change radicalement la donne pour des milliers de PME, notamment dans le e-commerce.
Beaucoup de dirigeants perçoivent encore le RGAA comme une liste de contraintes techniques complexes et coûteuses. On parle de critères, de niveaux A, AA, AAA, et de sanctions financières. Si cette réalité légale existe, elle masque l’essentiel. Une non-conformité n’est pas qu’une ligne rouge dans un rapport d’audit ; c’est une porte fermée au nez d’un client potentiel, un parcours client rompu, une expérience utilisateur discriminante. C’est un risque opérationnel qui fragilise votre activité bien au-delà de la simple amende.
Cet article adopte une perspective différente. Au lieu de vous noyer sous le jargon technique, nous allons traduire les critères du RGAA en expériences humaines et en risques concrets. Nous allons démontrer que chaque « défaut » d’accessibilité est une barrière utilisateur qui a des conséquences directes sur votre image, votre portée commerciale et, in fine, votre responsabilité légale. Comprendre cela, c’est passer d’une conformité subie à une accessibilité choisie, vue comme un levier de performance et de résilience.
Pour vous guider de manière pragmatique, nous allons explorer les problèmes les plus courants, de la lisibilité des textes à la navigation sans souris, en passant par l’incompréhension des formulaires. Chaque point mettra en lumière la barrière utilisateur créée et les implications stratégiques pour votre entreprise.
Sommaire : Comprendre les risques concrets de la non-conformité RGAA
- Pourquoi votre texte gris clair sur fond blanc est illisible pour 20% des gens ?
- Comment tester si votre site est utilisable sans souris en 5 minutes ?
- Vidéo ou Texte : pourquoi fournir les deux est indispensable pour les sourds et le SEO ?
- Le problème des intitulés de liens vagues pour les lecteurs d’écran
- Problème d’étiquettes : comment coder vos champs pour qu’ils soient compréhensibles par tous ?
- L’oubli de contraste qui rend votre site illisible pour 15% de la population
- Balise Alt : comment décrire une image pour le SEO sans faire de bourrage de mots-clés ?
- Balise Alt : comment décrire une image pour le SEO sans faire de bourrage de mots-clés ?
Pourquoi votre texte gris clair sur fond blanc est illisible pour 20% des gens ?
Le choix d’un texte gris pâle sur un fond blanc est une tendance de design minimaliste fréquente. Pourtant, d’un point de vue légal et fonctionnel, c’est une erreur fondamentale. Cette faible différence de luminosité crée une barrière utilisateur majeure pour une part non négligeable de la population. Cela inclut les personnes atteintes de daltonisme, celles ayant une déficience visuelle liée à l’âge (cataracte, presbytie) et, plus largement, toute personne consultant votre site dans des conditions de luminosité imparfaites.

Le RGAA impose un ratio de contraste minimal précis (4.5:1 pour le texte normal) pour une raison simple : garantir la lisibilité. Ignorer ce critère, c’est sciemment exclure une partie de votre audience. Une étude de la DREES en France souligne que la prévalence des déficiences visuelles augmente fortement avec l’âge, particulièrement après 75 ans. L’étude montre également que le risque de malvoyance est presque deux fois plus élevé pour les ouvriers que pour les cadres. Ne pas assurer un contraste suffisant, c’est donc non seulement créer une discrimination liée au handicap et à l’âge, mais aussi potentiellement exclure des catégories socio-professionnelles spécifiques. D’un point de vue business, c’est refuser de s’adresser à la population des seniors, dont le pouvoir d’achat est pourtant considérable.
Comment tester si votre site est utilisable sans souris en 5 minutes ?
Un site web qui ne peut être entièrement parcouru au clavier est un site inaccessible pour de nombreuses personnes. Cela concerne les utilisateurs ayant un handicap moteur qui les empêche d’utiliser une souris, mais aussi les personnes non-voyantes qui naviguent avec un lecteur d’écran via le clavier, et même les « power users » qui privilégient la rapidité de la navigation par tabulation. Le test est radicalement simple : débranchez votre souris. Pouvez-vous encore accéder à chaque lien, chaque bouton, chaque champ de formulaire ?
Le principal écueil est le « piège au clavier » : un élément interactif (une pop-up, un lecteur vidéo) capte le focus de la tabulation et il devient impossible d’en sortir sans utiliser la souris. C’est une impasse numérique. L’autre problème courant est le focus invisible : vous naviguez avec la touche « Tab », mais aucun contour visuel ne vous indique où vous vous trouvez sur la page. C’est comme se déplacer dans une pièce noire. Pour un dirigeant, cela se traduit par un parcours client rompu net : impossible de valider un panier, de remplir un formulaire de contact ou d’accéder à son espace client.
Comme le souligne l’experte en accessibilité Julie Moynat lors d’une conférence, « un échec à ce test est un signal de non-conformité directe au critère 7.1 du RGAA concernant les pièges au clavier ». En 5 minutes, en suivant quelques étapes simples, vous pouvez identifier une non-conformité majeure :
- Débranchez votre souris ou désactivez votre pavé tactile.
- Utilisez la touche Tab pour naviguer d’un élément interactif à l’autre. Vérifiez que le focus (le contour visuel) est toujours visible et logique.
- Utilisez la touche Entrée pour activer les liens et Entrée ou Espace pour les boutons.
- Assurez-vous de pouvoir accéder et sortir de tous les composants (menus, modales) sans être bloqué.
- Essayez de remplir et de soumettre un formulaire de A à Z.
Un échec à l’une de ces étapes signifie qu’une partie de vos utilisateurs ne peut tout simplement pas utiliser votre site. Le risque légal est ici doublé d’un risque commercial évident.
Vidéo ou Texte : pourquoi fournir les deux est indispensable pour les sourds et le SEO ?
Le contenu vidéo est roi, mais un roi qui parle seul dans une pièce vide si personne ne peut le comprendre. En France, plus de 5 millions de personnes sont concernées par une déficience auditive à des degrés divers. Pour elles, une vidéo sans sous-titres ou sans transcription textuelle est un contenu inexistant. Le RGAA (critères 4.3 et 4.4) est très clair : toute vidéo pré-enregistrée diffusant des informations doit proposer des sous-titres synchronisés et pertinents pour être conforme.
Mais l’enjeu dépasse largement la seule population sourde et malentendante. Une analyse rapportée par Access42 met en lumière un comportement utilisateur massif : 85% des utilisateurs consultent les vidéos sans le son sur les réseaux sociaux. Que ce soit dans les transports en commun, en open space ou simplement par préférence, la consultation silencieuse est devenue la norme. L’absence de sous-titres ne crée donc pas seulement une barrière pour les personnes en situation de handicap, elle provoque une perte d’audience colossale pour l’ensemble de vos utilisateurs.
Au-delà de l’expérience utilisateur, fournir une transcription textuelle complète de votre vidéo est une formidable opportunité de référencement naturel (SEO). Les moteurs de recherche comme Google ne « regardent » pas vos vidéos, ils lisent du texte. Une transcription leur fournit un contenu riche en mots-clés, en contexte sémantique, et améliore considérablement l’indexation et le positionnement de votre page. Fournir les deux formats n’est donc pas une double charge de travail, mais une double stratégie gagnante : inclusion des personnes handicapées et maximisation de la visibilité pour tous.
Le problème des intitulés de liens vagues pour les lecteurs d’écran
Les liens hypertextes sont les portes et les couloirs de votre site web. Pour un utilisateur voyant, un lien « Cliquez ici » ou « En savoir plus » placé à côté d’une image ou d’un titre est compréhensible grâce au contexte visuel. Pour une personne non-voyante utilisant un lecteur d’écran, cette pratique est une catastrophe de navigation. Ces technologies d’assistance permettent en effet de générer une liste de tous les liens présents sur une page pour aller plus vite. Imaginez une liste de dix liens qui se lisent tous « Cliquez ici », « Cliquez ici », « En savoir plus »… C’est une série de portes sans étiquette, rendant la navigation impossible.

Cette pratique crée une rupture de navigation discriminante et constitue une non-conformité directe au critère 6.1 du RGAA, qui exige que chaque intitulé de lien soit compréhensible hors de son contexte. Comme l’illustre le guide de conception du RGAA, cette erreur peut avoir des conséquences graves, par exemple en empêchant l’accès à des documents importants (factures, contrats) dans des espaces clients bancaires ou administratifs. Pour une PME, cela peut signifier un client incapable de télécharger un devis, de consulter des conditions générales de vente ou d’accéder au support technique.
La solution est simple : l’intitulé du lien doit décrire explicitement sa destination. Au lieu de « Téléchargez notre brochure, cliquez ici« , privilégiez « Téléchargez notre brochure tarifaire 2024 (PDF, 2 Mo)« . Cet intitulé est auto-porteur : il informe sur la nature du document, son format et son poids. Il est utile pour l’utilisateur de lecteur d’écran, mais aussi pour tous les autres utilisateurs qui savent exactement à quoi s’attendre. C’est un gain de clarté pour 100% de votre audience, pour un effort de rédaction minime.
Problème d’étiquettes : comment coder vos champs pour qu’ils soient compréhensibles par tous ?
Un formulaire de contact, d’inscription ou de paiement est le point de conversion névralgique de tout site commercial. Or, une erreur technique invisible pour l’œil nu peut le rendre totalement inutilisable. Il s’agit de l’absence de la balise HTML <label> correctement associée à chaque champ de saisie (`<input>`). Pour un utilisateur voyant, le texte « Nom » placé à côté d’un champ suffit. Pour un lecteur d’écran, sans ce lien explicite codé via un `<label for= »… »>`, le champ est un trou muet. L’utilisateur entend « champ de saisie » mais ne sait pas ce qu’il doit y inscrire.
Cette non-conformité est l’une des plus critiques en matière d’accessibilité. Comme le résume l’expert Carl Brison, « un formulaire de contact ou de paiement sans balise <label> correcte est la cause n°1 d’abandon de panier pour les utilisateurs de technologies d’assistance ». Vous perdez des clients non pas parce que votre produit est trop cher ou votre offre inintéressante, mais à cause d’une seule ligne de code manquante. C’est un risque opérationnel pur.
Un formulaire de contact ou de paiement sans balise <label> correcte est la cause n°1 d’abandon de panier pour les utilisateurs de technologies d’assistance.
– Carl Brison, Formation RGAA sur Tuto.com
L’enjeu devient d’autant plus pressant avec l’arrivée de l’European Accessibility Act. Comme le rappellent les analystes, à partir du 28 juin 2025, l’EAA s’appliquera à tous les sites e-commerce de plus de 10 salariés ou réalisant plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’inaccessibilité des formulaires, et donc du tunnel d’achat, sera l’un des points de contrôle majeurs. Ignorer ce détail technique aujourd’hui, c’est s’exposer à des sanctions demain tout en perdant des clients aujourd’hui.
L’oubli de contraste qui rend votre site illisible pour 15% de la population
Nous avons déjà abordé l’importance du contraste pour les personnes ayant une déficience visuelle permanente. Cependant, le risque lié à un faible contraste va bien au-delà. Il affecte une large partie de la population dans des situations de handicap temporaire ou contextuel. Pensez à un commercial consultant votre site sur son smartphone en plein soleil, à un télétravailleur en fin de journée souffrant de fatigue visuelle, ou à quiconque utilisant un écran de faible qualité ou mal calibré. Dans tous ces cas, un texte gris clair sur fond blanc devient simplement illisible.
On estime que près de 15% de la population peut être affectée par des problèmes de contraste, que ce soit de manière permanente ou situationnelle. L’étude de l’Agefiph sur la déficience visuelle et l’emploi met en exergue l’impact de ces difficultés au quotidien. Elle révèle que les problèmes de contraste sont particulièrement handicapants pour les 1,5 million de Français touchés par la DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge). Mais au-delà, elle rappelle que l’environnement de travail ou de consultation (forte luminosité, fatigue) est un facteur aggravant universel. En ne respectant pas les ratios de contraste du RGAA, vous ne vous coupez pas seulement d’une population cible, vous réduisez drastiquement l’efficacité de votre site pour tout le monde, dans de nombreuses situations de la vie courante.
Ce n’est plus seulement une question de conformité légale, mais de robustesse de votre communication. Votre message est-il assez fort pour être lu dans des conditions idéales ? Ou est-il assez robuste pour être lu partout, par tous, tout le temps ? La vérification est à la portée de tous et ne demande pas de compétences techniques avancées.
Plan d’action : Votre audit de contraste en 3 étapes
- Utiliser un outil gratuit comme Colour Contrast Analyser pour prélever les couleurs de votre texte et de son arrière-plan.
- Vérifier que le ratio de contraste atteint au minimum 4.5:1 pour le texte de taille normale (en dessous de 24px) et 3:1 pour le grand texte (24px et plus).
- Documenter les couleurs validées dans votre charte graphique et les non-conformités à corriger dans votre déclaration d’accessibilité RGAA.
À retenir
- La conformité RGAA n’est pas une option mais une obligation légale qui s’étend aux PME via l’EAA 2025.
- Chaque critère technique (contraste, label, alt) correspond à une barrière utilisateur concrète qui exclut une partie de votre audience et de vos clients.
- Rendre son site accessible est une stratégie de gestion du risque : elle protège légalement, améliore le SEO et élargit la portée commerciale de l’entreprise.
Balise Alt : comment décrire une image pour le SEO sans faire de bourrage de mots-clés ?
La balise `alt`, ou texte alternatif, est un attribut HTML fondamental qui a une double mission souvent mal comprise. Sa première fonction, la plus cruciale en termes d’accessibilité, est de décrire le contenu d’une image aux personnes qui ne peuvent pas la voir. Pour un utilisateur non-voyant, une image sans balise `alt` est un « trou noir » d’information. Le lecteur d’écran annonce « image » mais ne peut en décrire ni le sens, ni la fonction. C’est une non-conformité directe au critère 1.1 du RGAA.

Sa seconde fonction est d’aider les moteurs de recherche à comprendre le sujet de l’image, contribuant ainsi au référencement naturel (SEO). C’est là que le conflit apparaît. Dans une logique de sur-optimisation, beaucoup remplissent la balise `alt` d’une suite de mots-clés (« chaussure basket running achat pas cher »). Cette pratique, appelée « keyword stuffing », est non seulement pénalisée par Google, mais elle est surtout un non-sens pour un lecteur d’écran, qui lira cette litanie de mots sans contexte.
L’approche juste est de trouver l’équilibre. La balise `alt` ne doit pas être un champ de bataille entre SEO et accessibilité, mais leur point de rencontre. Une bonne balise `alt` décrit fidèlement et de manière concise ce que l’image montre, comme si vous la décriviez à quelqu’un au téléphone. Cette description honnête et contextuelle sera naturellement riche en termes pertinents pour le SEO, sans jamais tomber dans le bourrage de mots-clés. Comme le résume un formateur expert, « une balise alt vide ou mal renseignée est à la fois une opportunité SEO manquée et une non-conformité directe ».
Balise Alt : comment décrire une image pour le SEO sans faire de bourrage de mots-clés ?
Après avoir compris la philosophie de l’équilibre entre accessibilité et SEO, passons à la pratique. Comment rédiger une balise `alt` efficace qui sert ces deux objectifs ? La règle d’or est la pertinence et la concision. La description doit apporter une information équivalente à celle que procure l’image à un utilisateur voyant. Il faut donc distinguer le rôle de l’image : est-elle informative, décorative ou fonctionnelle ?
Si l’image est purement décorative (une forme abstraite, une ligne de séparation), la meilleure pratique RGAA est de laisser la balise `alt` vide (`alt= » »`). Cela indique aux lecteurs d’écran d’ignorer l’image, évitant ainsi de polluer l’écoute avec des informations inutiles comme « image » ou « séparateur ». Si l’image est informative (une photo de produit, un graphique), sa description doit être précise. Pour un produit, décrivez ses caractéristiques visibles. Pour un graphique, résumez l’information clé qu’il transmet. Enfin, si l’image est un lien (une icône cliquable), la balise `alt` doit décrire la destination du lien, et non l’image elle-même.
Le tableau suivant, inspiré des bonnes pratiques de formation, illustre parfaitement les erreurs courantes et la manière de les corriger pour être à la fois conforme au RGAA et pertinent pour le SEO.
| Type d’image | Mauvaise pratique | Bonne pratique RGAA |
|---|---|---|
| Photo produit | alt=’chaussure chaussure basket sneaker achat’ | alt=’Baskets blanches en cuir pour femme, modèle Urban, vue de profil’ |
| Infographie | alt=’image’ ou alt= » | alt=’Graphique : évolution du CA de 100K€ en 2022 à 150K€ en 2023′ |
| Icône décorative | alt=’icône flèche image’ | alt= » (vide car purement décoratif) |
Appliquer cette logique transforme une contrainte technique en un outil puissant. Vous fournissez une meilleure expérience aux utilisateurs de technologies d’assistance, vous protégez votre entreprise sur le plan légal, et vous offrez aux moteurs de recherche un contenu de qualité qui améliorera votre visibilité. C’est l’un des exemples les plus clairs où l’accessibilité est directement synonyme de performance business.
L’audit et la mise en conformité de votre site ne sont pas des dépenses, mais un investissement stratégique. Pour passer à l’action et évaluer précisément où se situent vos risques, la prochaine étape logique est de réaliser un audit d’accessibilité complet. Demandez une analyse de conformité pour protéger votre activité et ouvrir votre site à tous.